Le soutien du Rwanda au mouvement rebelle M23 en République Démocratique du Congo (RDC) repose sur des revendications fallacieuses et discriminatoires, servant de prétexte à une ingérence dans les affaires congolaises.
1. La protection des populations rwandophones : un argument trompeur
Le Rwanda prétend défendre les populations congolaises d’expression rwandophone (notamment les Tutsis congolais) contre des discriminations et des persécutions. Cependant, cette justification est contestable :
- La RDC est un pays multiculturel où diverses communautés coexistent. Les Tutsis congolais ne sont pas systématiquement persécutés, et l'argument de la protection des minorités est instrumentalisé pour justifier des interventions militaires et le pillage des ressources congolaises.
- Le Rwanda ignore délibérément la présence significative de Hutus rwandophones en RDC, qu'ils soient congolais de longue date ou réfugiés de 1994, révélant un soutien sélectif et discriminatoire.
2. Le dossier des Hutus rwandophones : une omission révélatrice
Parmi les Rwandophones en RDC, il existe une population Hutu significative, composée de Hutus congolais présents avant l'indépendance et de réfugiés Hutus arrivés en 1994. Le Rwanda ignore leur existence, se focalisant exclusivement sur la cause des Tutsis.
- Présence des Hutus en RDC :
- Hutus congolais : Installés depuis des générations, notamment au Nord et Sud-Kivu.
- Réfugiés Hutus de 1994 : Suite au génocide rwandais.
- Attitude du Rwanda envers les Hutus en RDC :
- Le Rwanda a été accusé d'ignorer, voire de cibler, les populations Hutus.
- Massacres de réfugiés Hutus : Des rapports indiquent des attaques de l'APR (Armée patriotique rwandaise) contre des camps de réfugiés, avec des milliers de morts. Le massacre de Tingi Tingi en 1997 a fait de nombreuses victimes hutues.
- Focalisation sur la cause Tutsi :
- Le soutien au M23, majoritairement composé de Tutsis, illustre cette focalisation.
- Des rapports de l'ONU accusent le Rwanda de soutenir le M23.
- Le président rwandais, Paul Kagame, justifie ce soutien en affirmant que le M23 représente les intérêts de la minorité Tutsi congolaise.
3. La menace des FDLR : un prétexte opportuniste
Kigali affirme que les rebelles hutus des FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda), accusés d’avoir participé au génocide de 1994, menacent la sécurité du Rwanda depuis l’Est de la RDC. Cependant :
- La capacité militaire des FDLR a été considérablement réduite.
- Cet argument est utilisé pour maintenir une influence militaire et économique en RDC.
- Cette menace est de plus utilisé pour justifier le faite de ne pas prendre en compte la sécuritée des populations Hutus.
4. Ambitions géopolitiques et économiques : le véritable moteur
Le soutien au M23 s’explique par :
- Le contrôle des ressources minières : L’Est de la RDC regorge de minerais stratégiques (coltan, or, cassitérite), exploités illégalement par le Rwanda.
- L’expansion de son influence régionale : Paul Kagame cherche à affirmer le Rwanda comme une puissance régionale.
5. Une approche discriminatoire et un double standard :
- Le Rwanda accuse la RDC de marginaliser les Tutsis congolais, mais ignore les souffrances des autres communautés victimes du M23.
- Le M23 est responsable d'exactions contre les civils, contredisant l’argument de la protection humanitaire.
- Kigali refuse de reconnaître les violences commises par ses alliés, tout en dénonçant celles des autres groupes armés.
- Le Rwanda justifie son soutien au M23 en mettant en avant des arguments historiques et ethniques, notamment en affirmant que la colonisation a artificiellement divisé les populations rwandophones entre le Rwanda et la RDC. Cependant, cet argument est contestable car avant la colonisation, l’Est de l’actuelle RDC n’était pas peuplé exclusivement par des communautés rwandophones (Hutus et Tutsis). Les peuples autochtones comme les Nandes, les Hutus congolais, les Hunde et d’autres groupes ethniques étaient présents.
- Le rôle des puissances coloniales ne justifie pas une revendication territoriale post-indépendance.
- Le soutien du Rwanda au M23 est une stratégie politique et économique pour le contrôle des ressources naturelles.
- Le droit international considère les frontières héritées de la colonisation comme intangibles.
- L’un des aspects problématiques de la politique rwandaise en RDC est qu’elle semble se focaliser exclusivement sur la défense des Tutsis, alors que les Hutus, qui sont pourtant aussi des rwandophones, ne bénéficient pas du même soutien. Cela reflète une logique discriminatoire.
- Paul Kagame affirme que la colonisation a déplacé des Rwandais vers la RDC pour y travailler, ce qui est en partie vrai. Mais cette affirmation omet le fait que ces travailleurs se sont installés dans des zones déjà peuplées par des Congolais.
- Au-delà des considérations ethniques, le Rwanda a des intérêts économiques évidents en RDC, notamment dans l’exploitation illégale des ressources minières.
Conclusion :
Les revendications du Rwanda sont un écran de fumée pour masquer des intérêts économiques et stratégiques. En soutenant le M23, Kigali perpétue l’instabilité dans la région. Le Rwanda instrumentalise la question des Rwandophones, mais son approche est discriminatoire. En ignorant les Hutus rwandophones, Kigali révèle que son engagement est basé sur une logique ethnique et stratégique. La politique du Rwanda en RDC privilégie la défense des Tutsis, tout en négligeant les Hutus, contribuant à la complexité des conflits.
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